• En fait, mon plus mauvais souvenir c'est la veille de l'opération. J'ai dû arriver à l'hosto en début d'après midi, donc à J-1, pour un examen préalable supplémentaire. Ma femme m'a emmené, puis je lui ai dit de me laisser c'était bon, juste un truc de routine et puis j'étais sur les rails pour enchaîner avec l'opération.

    Après son départ, une infirmière m'explique le déroulé des évènements : douche à la bétadine comme je referai le lendemain et rasage du torse, ventre et pubis car ils allaient passer par l'artère fémorale qui est au niveau de l'aine et ce serait fait pour l'opération.

    J'ai revêtu, déjà !, un habit de papier mais mauve et j'ai attendu. Un type est venu me chercher avec une chariotte et m'a descendu du 5ème au sous sol. Je pouvais marcher mais j'ai supposé que c'était la procédure et que je serai moins allant pour le retour.

    J'allais passer une coronarographie ! Rien que dire le nom sans se tromper est un calvaire. Injection d'un produit opaque ou luminescent, j'en sais rien, mais qui permettrait de voir l'état de mes coronaires, petites artères qui irriguent le cœur depuis ma nouvelle pote l'aorte.

    D'ailleurs j'y songe c'est quand même couillon de faire connaissance avec Madame Aorte seulement en découvrant qu'elle avait un souci. Mais bon c'est comme ça pour tout : j'ai découvert Messieurs Rein le jour où j'ai eu des coliques néphrétiques ou Madame Prostate quand j'avais besoin d'aller pisser touts les deux heures...

    Le toubib me fait d'abord une piquouse anesthésiante puis s'active à m'envoyer son produit miracle par Mademoiselle Fémorale. Je sens pas trop l'ambiance entre le toubib et les infirmières qui l'assistent.

    Je ressens 3 ou 4 fois une douleur soudaine quand le gars trifouille dans l'artère. C'est supportable mais désagréable. Le gars commente en regardant les images sur l'écran. Moi poliment et par réflexe je relève la tête pour mieux entendre et le regarder : le mec m'engueule. " Ne bougez pas !" Le ton n'est pas très courtois.

    Je dois dire que j'ai côtoyé une cinquantaine de personnes différentes, peut être plus, en un mois et c'est le seul qui a été désagréable.

    Je sens que la tension monte, le mec est énervé, soit il s'est levé du pied gauche soit il est irascible de nature. Il est agressif avec ses deux aides, pas cool du tout. Comme je fais gaffe à ne plus bouger ni décoller la tête, je ne vois pas ce qu'il se passe mais l'une donne quelque chose qui ne correspond pas à ce qu'il a demandé, il gueule et le balance sur la table d'examen entre mes jambes.

    L'exam terminé, il me fait un point de compression avec un gros coton, il appuie très fort. Puis un deuxième. Je comprends que le moment est délicat, j'imagine qu'avec une artère ouverte on doit se vider assez vite. Le mec est de plus en plus brusque. Arrive l’emmaillotage avec un large sparadrap qu'il va m'entortiller du ventre à la cuisse puis par la fesse droite.

    L'infirmière ne place pas le ruban comme il voudrait, il rouspète : noooon pas en travers !  Parallèle... Puis il m'empoigne la cuisse pour m’enrubanner. Une vraie brute.

    Il s'en va. Je glisse en aparté à l'infirmière : c'est une vraie brute le docteur...

    Le brancardier me remonte en chariot et me demande si j'ai eu mal. Je lui répond que oui c'est un peu douloureux. Il me dit que je ne suis que le deuxième a avoir ressenti une douleur. Tous les autres qu'il trimballe ont trouver l'examen indolore. Je lui dit que le toubib est très brusque. Je suis tombé sur un mauvais jour répond-il philosophe. Je gonfle ses statistiques sur le nombre de chochottes !

    Je vais passer la nuit avec ce ruban adhésif qui me comprime la cuisse et la fesse et maintient ma jambe droite fléchie. Mais bon je suis en forme, plutôt amusé par la séquence et je me dis que ce qui m'attend va être d'un tout autre acabit.

    Ce en quoi j'ai en partie tort...

     

     

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